lundi 19 mai 2008

Pourquoi 28 semaines plus tard rend les zombies plus humains que les humains?

('tention spoilers inside)

Le film débute sur une séquence mémorable, pourtant très classique dans la forme. Les personnages sont enfermés
dans une maison paumée au milieu de la campagne, les zombies arrivent et défoncent tout. Pour n’importe qui ayant vu des films de zombies c’est pas très novateur. En revanche, ce qui l’est beaucoup plus c’est la réaction du personnage principal, Don (Robert Carlyle). Il aime sa femme, il a une famille sympa, mais pas question de risquer sa peau pour les sauver. Instinct de conservation, quand tu nous tiens…


Avec un postulat de départ comme celui-là, le film nous met tout de suite dans une position de malaise. On peut s’identifier au «héros» ou à l’inverse, le rejeter, mais on se pose forcément la question de ce qu’on aurait fait à sa place. Bon ok, je vous accorde que les probabilités de se voir poursuivi par une horde de zombies affamés est assez faible, mais imaginez la même chose en temps de guerre avec les ennemis armés qui débarquent chez vous, vous aurez une idée de ce que Don a dû ressentir.

D’ailleurs, ce choix de sauver sa peau ou celle des autres, se retrouve tout au long de 28 semaines plus tard, qui s’intéresse surtout au rapport entre l’individualisme et collectivité.

Visuellement d’abord, les personnages sont souvent isolés dans le cadre de la caméra. La famille est réunie, mais complètement morcelée : d’un coté du cadre, les enfants, de l’autre, le père. Les G.I américains font eux-mêmes soit disant partie de la grande famille qu’est l’armée. Malgré cela, ils sont toujours seuls - chaque sniper a sa zone - et séparés les uns des autres. Ce sentiment est bien sur renforcé par le fait qu’on est sur une île, coupé du monde, et qu’à l’intérieur même de cette île, une zone est délimitée sans que l’on puisse en sortir. 


Seules les technologies de communication créé du lien - Flynn le pilote (Harold Perrineau) et Doyle le sniper (Jeremy Renner) passent leur temps à discuter par téléphone interposé mais ne se reverront jamais en fin de compte - mais ne les sauveront pas pour autant. Même chose pour les caméras de surveillance. On voit régulièrement dans le film des images tirées de ces caméras, mais sans savoir qui regarde. Big brother is watching you, pour votre bien, n’empêche que vous vous ferez buter quand même.

Arrive ensuite la rupture. Andy (Mackintosh Muggleton), le fils retrouvé, veut lutter contre cet individualisme et l’aseptisation des rapports dont il est victime. Il retrouve sa mère, espère refonder sa famille comme avant, mais c’est ce qui les conduira tous à leur perte. Don se fait contaminer à son tour par amour - par un baiser et non une morsure - et n’aura qu’une envie, retrouver son fils afin de le contaminer.


S’en suit une contamination générale et la panique habituelle. Mais ce qui choque le plus dans ce film, n’est pas vraiment les meurtres commis par les zombies, mais l’acharnement de l’armée avec sa volonté de détruire à tout prix humains ou zombies, peu importe. Ici encore, il y a très peu de contacts directs, tout se fait de loin. Les snipers tirent d’abord sur la foule, puis bombardement à distance dans les airs, et enfin un gaz est balancé sans que l’on puisse identifier la source pendant que l’état major suivra les massacres par écrans interposés.
Les uniques séquences où les êtres humains sont regroupés sont d’ailleurs toujours des séquences de contamination. La pseudo réunion d’individus - la classique réunion des survivants non contaminé - se soldera par un échec puisque les intérêt personnels reprennent le dessus sur la capacité à s’unir pour le bien être du groupe.

Enfin on en arrive à la séquence finale. On comprend alors que le seul but de Don était de retrouver ses enfants afin de les contaminer à son tour. On peut noter que le personnage de Don, une fois le virus chopé, change complètement de comportement, au-delà du fait qu’il change de tête aussi… Il passe d’un individualisme, poussé par l’instinct de survie, à une volonté d’unir sa famille par le virus, et donc l’instinct paternel reprend le dessus.

28 semaines plus tard nous interroge sur notre capacité à vivre ensemble, de manière «physique». Visiblement, les hommes en sont incapables puisque qu’ils n’arrivent qu’à se détruire, et se refusent à tout contact corporel qui est, de toute façon, dans le film, synonyme de mort imminente. Le virus, dont on ne se sait d’où il vient, permettrait donc de revenir à l’instinct, en faisant abstraction de l’intellect. Car seuls les zombies avancent en groupe, organisés et unis. D’où ma question de départ : les zombies ont-ils plus d’humanité plus que les humains? 

Peu importe finalement, puisque cette transformation physique, cette contamination ne résout rien. Comme indiqué au début, les zombies, en s’étendant à l’infini, finiront par se détruire eux-mêmes en crevant de faim.

Le réalisateur, Juan Carlos Fresnadillo, ne nous donne pas de solution prête à l’emploi, il dresse un constat assez pessimiste sur notre monde, et fais confiance à l’intelligence des spectateurs pour se faire sa propre idée.


28 semaines plus tard - 28 weeks later
Grande-Bretagne /2007 / 1h31
Réalisé par Juan Carlos Fresnadillo, avec Robert Carlyle, Mackintosh Muggleton, Rose Byrne, Harold Perrineau, Jeremy Renner, etc.

1 commentaire:

Unknown a dit…

Pourquoi tes articles roxx et pourquoi je me plait à les lire sans voir le temps passer ? Merci.