dimanche 18 mai 2008

Oui Lulu, pourquoi?

- Pourquoi tu veux faire un blog ?

- Bah pour parler de cinéma

- Ah

- Quoi « ah » ?

- Y’en a déjà plein, ça sert un peu à rien

- …


Pourtant Lulu aime le cinéma, surtout quand il est chiant, le cinéma.
Lulu lit Les Cahiers du Cinéma, et les critiques incompréhensibles de Libération, les résumés sur Allociné, et les blogs de fan boys.
Alors pourquoi pas moi Lulu?

En discutant dernièrement autour de moi - avec d’autres personnes que Lulu - je me suis rendu compte que les spectateurs étaient divisés en plusieurs catégories. Enfin les spectateurs lecteurs de critiques. C'est partit pour un peu de sociologie de supermarché, mais j'aime bien.

La première catégorie est celle que je fréquente assidûment, et dont Lulu fait parti, de par mon réseau social qui s’est naturellement construit autour du cinéma. En général, c’est la catégorie de fan intello de films qui font partir en courant tous ceux qui ne font pas partie de cette catégorie dès qu’ils ouvrent la bouche.

Pour eux, la critique de cinéma, c’est un truc indispensable, indissociable du cinéma lui-même. Elle est là pour appuyer leurs théories, ou au contraire, elle peut devenir la cible, l’ennemi à abattre, parce qu’elle propose une vision différente. Généralement ça aboutit à des réflexions du genre : « Mais putain, il a pas vu le film ce connard, c’est pas possible ! »

Cette catégorie se caractérise par un point fondamental. Au delà du fait de regarder les films, chiants surtout, je le rappelle, ce qu’elle aime, c’est parler des films. Les disséquer, les analyser, les classifier, et surtout, surtout, expliquer pendant des heures leurs théories. Bref, avoir l’impression de garder le contrôle en permanence sur ce qu’elle regarde.

Ensuite, il y a la catégorie des consommateurs. God bless la carte UGC et le DL. Eux, en général, la critique, ils s’en foutent. Elle doit se résumer à faire un résumé, justement, du film, avec éventuellement un « C’est bien » / « C’est nul » et basta. Pas besoin de chercher pendant trois heures pourquoi le 2ème plan de la 8ème séquence est filmé avec un travelling latéral, non. Un film c’est un début, un milieu, une fin. Et en sortant de la salle, ou en éteignant le PC, ça s’oublie.

Enfin il y a la catégorie entre les deux. Le consommateur qui veut comprendre mais qui veut pas trop qu’on l’emmerde quand même. Selon mon expérience, environ 90% des spectateurs.

C’est dans ce cas là que nous, critiques de cinéma, on devient utiles. Enfin, qu’on devrait. Parce que dans les faits, c’est pas vraiment ça.

D’une part, parce qu’on peut écrire qu’une daube est relativement correcte simplement car l’attaché de presse - celui ou celle qui doit faire la promo du film - nous a envoyé des chocolats, et qu’il sympa, alors bon, on va pas trop enfoncer son « produit ».

D’autre part, parce qu’on peut dire que ouais ce film est naze, mais dans le fond, il est pas si mal, allez le voir, parce que le rédac en chef a pas très envie de froisser le réalisateur qu’il va interviewer demain.

Ou enfin parce qu’on peut écrire quelques lignes incompréhensibles par le commun des mortels car franchement, on en sait rien de ce qu’on a pensé du film, mais que le critique considère que le spectateur est plus con que lui, donc, c’est pas très grave.

Un petit exemple explicite :

« Ce film, d’une grande beauté plastique, utilise une temporalité quasi Deleuzienne donnant à l’espace tout son sens. »

On est d’accord, ça veut rien dire. Mais le critique, lui, il est content. Et son ego va mieux.

On notera aussi que le titre de mon blog fait référence à deux des termes les plus employés par la critique, quand elle ne sait pas quoi dire, allez savoir pourquoi, tapez donc sur Google si vous ne me croyez pas.

Mais je commence à m’égarer dans mes réflexions sur mon métier, et le rapport au spectalecteur que l’on peut, et même que l’on doit avoir. Parce que finalement une critique n’est pas tant là pour dire ce que nous, critique, on a pensé du film, mais de faire partager cet avis, ce ressentiment, cette analyse, en étant à la fois objectif dans ses arguments, et subjectif dans la manière de le dire. On est pas là pour vendre un film, ou le détruire. On est là, en humble spectateur ayant une possibilité de s’exprimer, pour partager un point de vue. Rien de plus.

Et vu qu’avec les raisons économiques évoquées au dessus il n’est pas possible de faire correctement son travail sur les supports, et dans les médias existants, voilà pourquoi un blog sur le cinéma, Lulu, est utile.


M'ci à Fidjik pour la mise en page du blog :)

3 commentaires:

Gabapanam a dit…

je ne sais aps qui est Lulu (ha si j'en ai une idée) mais je vois pas ce qu'il pourra répondre à ça...
En d'autre terme "Cassé!"

Anonyme a dit…

Je trouve en effet que la bannière claque à mort *o*

Lulu a dit…

Je suis outré !